TOC qui touche à la sexualité : exposition subie VS exposition choisie.

Quand je parle d'exposition subie, je veux parler des situations du quotidien qui font monter notre anxiété sans que l'on cherche volontairement à les vivre pour travailler sur notre trouble.

Par exemple : il est tard, je vais me coucher, mon mari pose une main sur ma hanche alors que je ne m'y attends pas particulièrement (bien que je l'appréhende) et cela me met mal à l'aise.

L'exposition choisie, vous l'aurez compris, c'est celle que l'on met en place à travers des exercices pratiques déterminés à l'avance.

Par exemple : Je demande à mon mari de poser sa main sur ma hanche pendant 5 minutes chrono, et j'accueille l'angoisse et les émotions/sensations désagréables qui me traversent.

À travers mon expérience, j'ai constaté que les expositions choisies étaient beaucoup plus bénéfiques pour moi que les expositions subies, et en particulier avec la sexualité. En voici les raisons :

• Autonomisation : en choisissant activement les types d'expositions thérapeutiques, vous prenez un rôle actif dans votre traitement. Cela renforce votre sentiment de contrôle sur votre propre santé mentale.

• Renforcement de la confiance en soi : réaliser que vos choix personnels peuvent avoir un impact positif sur le traitement renforce votre confiance en en vous et votre estime. Cela vous encourage à continuer de rechercher des options thérapeutiques qui correspondent le mieux à vos besoins.

• Sentiment de maîtrise : vous avez conscience de l'intensité et de la durée de l'épreuve et cela vous donne une longueur d'avance pour mener à bien l'exercice sans paniquer ou faire de l'évitement.

• Amélioration du lien intime avec l'autre : votre partenaire sait que vous travailler et que vous vous donnez du mal pour aller mieux, il ou elle vous accompagne dans les exercices et vous apporte son soutien, sa patience et ses encouragements.

Pour cette dernière raison, je précise que j'avais personnellement fait le choix d'en parler à mon conjoint et qu'il était au courant des exercices d'exposition en question, pour qu'on puisse les mener à deux.

Un TOC nous embarque dans des millions de pensées, de doutes et c'est parfois une véritable torture mentale. Plus j'avance dans la mise en pratique des exercices et plus je me dis : il faut faire simple, quitte à être scolaire. Vous avez tout a y gagner. Vous pouvez par exemple mettre un protocole d'exposition en place, avec des situations d'exposition graduelle en fonction de votre situation.

Il arrive qu'à cause du TOC on ne puisse plus du tout avoir de vie intime, qu'on ne puisse plus supporter la vision de son partenaire nu et qu'on ne puisse plus accepter d'être touché(e). On a évité tant de fois ces moments d'intimité à deux que notre niveau d'angoisse devient trop intense pour pouvoir le supporter. On se sent alors complètement coincé(e).

Commencez par dresser une liste de ce que vous aimeriez pouvoir faire ou refaire. À partir de cette liste, identifiez toutes les petites actions réalisables que vous pouvez entreprendre dès aujourd'hui jusqu'à l'atteinte de vos objectifs. Vous établissez une série de sous-actions progressives, allant de la plus facile à la plus difficile.

Il faut bien entendu retravailler ces sous-actions de sorte à ce qu'elles soient challengeantes, mais qu'on soit capable de les faire. Et surtout, il s'agit de faire preuve de créativité pour trouver des idées nouvelles et pourquoi pas amusantes de le faire.

Et au lieu de créer un vaste protocole d'exposition pour le domaine de la sexualité, vous pouvez en établir un pour chaque sous-thème (les caresses, le coït, différentes positions etc...).

Par exemple, si la communication autour de la sexualité entre vous est rompue, que vous n'osez même plus aborder le sujet car ça vous fait souffrir et que l'autre se retient de parler de ses désirs, il peut être intéressant de cibler les premières expositions sur le dialogue. Tentez de faire germer des idées neuves et positives sur le sujet de la sexualité en achetant par exemple un livre sur la sexualité, en le lisant ensemble et en échangeant vos idées régulièrement. Vous pouvez faire des jeux comme celui-ci : chacun.e doit trouver le souvenir le plus stimulant et le plus heureux à deux, et dire à l'autre ce qui lui plaisait à ce moment-là.

Si vous souhaitez travailler l'aspect tendresse et tactile, commencez par des petites actions, qui vous feront ressentir le plaisir de la réussite de l'exercice. C'est ok de commencer par se tenir la main 3 minutes. Tout comme c'est ok de ne pas pouvoir embrasser l'autre pour le moment. Ne vous mettez pas la pression sur les résultats finaux, rappelez-vous que le plus important c'est d'être au contact de votre inconfort et d'apprendre à le tolérer de plus en plus. Célébrez vos plus petites réussites, car en réalité elles sont grandes !

Finalement, ce que je voulais vous rappeler ici, c'est que même si l'exposition est par essence difficile, vous pouvez devenir actrice et acteur de vos expériences et faire en sorte qu'elles s'inscrivent dans un processus thérapeutique contrôlé et bienveillant. Cela implique de choisir activement les défis que vous relevez plutôt que de les subir passivement. Ce choix renforce non seulement votre autonomie mais aussi votre estime de vous-même, en vous permettant de maîtriser progressivement les situations qui vous sont difficiles. En impliquant votre partenaire dans ce processus, vous favorisez une meilleure compréhension mutuelle et un soutien réciproque, renforçant ainsi votre lien intime.

L'approche graduelle par sous-thèmes, comme évoqué, permet de démystifier et de rendre plus accessibles les étapes vers la réhabilitation de votre intimité. C'est en embrassant ces défis avec créativité et persévérance que vous pouvez espérer restaurer un équilibre dans votre vie personnelle et relationnelle.

En somme, malgré les défis que posent les TOC, vous avez le pouvoir d'orienter votre rétablissement à travers des expositions choisies, en y intégrant une dose de compassion envers vous-même et une dose je crois, de plaisir.

La Guêpe.

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